jeudi 25 janvier 2024

Annaba.

Nous quittâmes Dréan, le matin, en cette chaude journée du samedi 5 Août 1967. une date que je ne peux  oublier pour milles et une raison, car ce fut pour nous, toute la famille, le début  d:une nouvelle destinée. Un changement radical. Nous allions nous  installer dans une petite villa coloniale qui était abandonnée et que mon père avait rénovée avec le concours de son employeur: le  centre de formation professionnelle pour adultes,  elle se situait, tout près du pont sur l'Oued Kouba,  au bord  de la route menant à la carrière dite "Mariage" du nom de son ex propriétaire: un ex colon qui a quitté  l'Algérie depuis peu. C'était  encore  la campagne,. De grands arbres d'eucalyptus et des rosiers peuplaient encore, les rives de l'Oued qui n'était pas encore couvert et  drainait aussi bien les eaux que les branches des arbres qui s'y trouvaient ou qui tombaient un peu plus haut sur un des flancs sud de l'Edough.  Le matin, le petit camion Saviem gris d'un parent: "ami djaballah le père de Merzaka", c'est ainsi qu'on l'appelait en rapport avec une tante au 2ème degré, est venu pour nous prendre nous, et nos maigres affaires: une chambre à coucher achetée aux puces, quelques matelas,  diverses couvertures et une cuisinière acquise a crédit chez "ami Mohamed" Salemkour, l'épicier du village qui nous faisait  crédit, et le reste composé d'ustentiles de cuisine et diverses autres choses que ma mère avait jugée utile d'emporter. Avant notre départ, mon père était envahie par l'émotion - les gens de chez-nous étaient ainsi- et ne pouvait retenir ses larmes entouré  par quelques parents et voisins qui le consolait tout en pleurant avec lui. Il avait  l'impression d'abondonner les siens et de partir aux fins fonds du monde a 24 km ... Ma mère qui  cachait sa joie, tout en restant discrète,  m'avoueras plus tard, que c'était un des plus beaux jours de sa vie d'avoir quitté ce lieu où  la misère était tangible, prégnante et insupportable. Je pense que c'était la seule qui réalisait l'importance et l'intérêt de ce déménagement pour notre famille.
 Notre nouvelle demeure à  Annaba se composait juste d'un rez de chaussée avec une toiture en tuiles rouges couvrant les deux chambres et le salon, tous mitoyens avec un couloir en longueur et une cuisine dans le prolongement  avec un débarras et sa salle de bain, le tout couvert par  une  petite terrasse avec sa citerne de stockage d'eau. De part et d'autre  se trouvraient deux  petits jardins dont un en balcon derrière les chambres et accessible de l'extérieur et l'autre accessible à partir de la cuisine avec un poulailler et quelques arbres fruitiers. 
On vivra huit longues années dans cette maison, jusqu'au jour où on nous obligea de partir ainsi que notre voisin "ami Rabah", un ex réfugié Algérien en Tunisie  pour construire un petit bâtiment hideux à la  place de nos deux belles petites demeures.
La plage de Rizzi Amor ( Chapuis) se situait à peine à 300 mètres de notre habitation. On pouvait y accéder a travers une route goudronnée bordée d'eucalyptus traversant une serie de plantations agricoles.

Le soir de notre déménagement, juste avant le coucher du soleil, ma mère m'envoya pour chercher du pain à la cité Kouba que je découvrit pour la première fois. L'endroit contrasté beaucoup avec nôtre village: il était plus animé et plus lumineux avec un ensemble de bâtiments bien agencés, avec en son  centre, quelques épicieries , une boulangerie, une boucherie , un coiffeur,  une crèmerie et même un coin mosquée... J'étais accompagné par Athmane qu'on surnommé "jeghata" car il était maigre et avait un cou longiligne, un voisin de notre "cour" à Dréan  et mon oncle Rabah qui habitait déjà Annaba à "Santana" au centre ville, sobriquet du quartier"Santa anna ". Au retour de la cité, il faisait déjà nuit et tellement sombre, qu'on avait peur de rejoindre la maison par le  trajet emprunté à l'aller, qui était à peine distant de 200 mètres a travers l'Oued et ses rosiers. Suivant les conseils de mon oncle Rabah, un personnage unique et  fantasque qui voulait certainement nous impressionner et nous faire découvrir "sa" ville en nous faisant faire le tour de la moitié de la cité pour regagner notre demeure à  travers le quartier de Béni M'haffeur soit plus de 5 km de distance. Nous rentrâmes tard et sans ramener de pain.


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