Suite à la disparition de sa mère, tous ses ses sœurs et ses frères furent dispersés, notamment les filles. Elles furent placées ça et là chez des parents divers dont elle garde un souvenir lointain, pour terminer son errance chez sa sœur aînée qui venait de se marier à 16 ans . Elle avait alors 8 ans. Son père, travailleur agricole chez les Laoubdia: des propriétaires terriens, vivra seul dans un gourbi et s'occupera de ses deux fils: l'aîné Labidi -malade mental- et de son autre fils Belgacem. Hadda sa sœur cadette après un bref passage chez une cousine, rejoindras ma mère chez sa sœur aînée pour ensuite se marier aussitôt en 1949 avec un cadre de la Tabacoop de vingt ans son aîné : un certain Birem Mahmoud ; un homme pieux et rustre au contact difficile et pratiquant un Islam rigoriste et sectaire qui permettais à ses disciples d'accéder au paradis même s'ils sont devenus déviants. Seule sa dernière sœur restera chez des cousins proches, jusqu'à son mariage à la fin des années cinquantes. En Avril 1954, a 18 ans et demi elle se mariera avec mon .père qui avait le même âge. C'est la grand-mère de mon père, une certaine Nouna qui était connue au village pour être une femme à poigne, qui est venue voir ma mère chez sa sœur. Elle lui a plu et demandera sa main pour son petit-fils ( mon père).Elle l'a trouvé belle et d'une blancheur que l'ont recherché a l'époque c'était le mélange d'une Kabyle d'Iflissen et d'un kabyle de la région de Ferjioua. Mon père vivait alors dans une grande famille parmi ses frères, sœurs, ses parents et sa grand-mère dans la bâtisse ( cour) qu'avait acquis cette dernière après avoir exercé comme chef de plantation ( kabrana) dans divers champs autour du village.
Dés le déclenchement de la guerre d'Algérie mon père fut contraint de quitter le village a 20 ans juste après ma naissance pour échapper à une mort certaine: activiste et militant du MTLD, il était dans le viseur comme d'autres jeunes nationalistes des autorités coloniales. Quelques mois après son départ en France, tous les membres du groupe avec qui il militait furent neutralisait et tués suite à une rafle. A son arrivée en France, mon père errera dans plusieurs villes: il vivra dans la misère des blockhaus et les taudis a Lyon puis a Nancy et finira a s'etablir durablement à Marseille. Ma mère le rejoindra en 1959. Après quatre ans de séparation. Au cour de son absence, elle fut contraint de revenir chez sa sœur. Car mon grand-père qui travaillait comme cheminot et subvenait au besoin de la famille un certain H'sen fut arrêté suite à une rafle mémorable ou des dizaines de prétendus fellags furent arrêtés . Il disparaîtra à jamais- on saura plus tard qu'il fut emmené dans une ferme dite "syndicat" à quelques kilomètres du village et livré à une horde de harkis excités. Frêle et affamé, il rendit l'âme après une série de sévices notamment celle d'utiliser les chiens pour lui faire peur.. il a été certainement jeté dans une fosse commune...on le retrouvera jamais
A Marseille, mon père travaillais comme peintre-plâtrier et militait au sein du FLN.