dimanche 7 janvier 2024

Mon 1er examen de sixième

En Juin 1967,  juste après  ou pendant la guerre des six jours et par une chaude journée d'été, j'ai passé mon 1er examen de sixième. Ce jour là, j'étais propre et je sentais le savon parfumé. Ma mère m'avait fait porter les habits du dernier Aid pour aller passer l'examen le plus  important au village, car il permettait au candidat qui l'avait réussi d'accéder au collège. Un collège tout neuf,  tout nouveau construit dans l'urgence en tôle. Il était  tellement important que les noms des  candidats qui réussissaient leur examen paraissaient dans  le journal "An Nasr" ( la victoire) édité à Constantine encore en Francais. 
L'examen se déroulait pendant toute une journée, avec comme matières essentielles une dictée, où il  fallait  faire le moins de  fautes possibles et une épreuve de mathématiques: on parlais alors de calcul.
Je ne sais pas si le titre de la dictée de cette année là était " le chat et le miroir", ou "le four banal"  un texte du  roman de de Mouloud Feraoun "Le Fils du pauvre" . Quelques semaines plus tard , quand les résultats ont été dévoilés; je fut recalé. Mon échec je m'y attendais un peu. J'étais déçu, mais pas trop. Assis sur le trottoir de la maison des "Zazar"nos voisins , en face de la notre, je scrutait la liste des reçus dans le journal, espérant que mon nom jaillissent au milieu des autres: sans succès. Quand soudain  des avions de chasses venaient sillonnaient bruyamment le ciel, et me faisait sortir de ma léthargie et de mon désespoir. 
Comme le village était petit,  et afin d'atténuer ma déception, le soir je n'arrêtais pas de faire le tour avec un autre recalé comme moi au milieu des chants patriotiques et des appels à la mobilisation diffusés par hauts parleurs . Pour nous consoler mutuellement, nous nous racontions des histoires à ne pas finir sur notre échec, nos espérances et les mérites ou non des candidats reçus. Ce jour là, je me souviens pas de la réaction de mon père. Il était certainement déçu plus que moi, mais n'en faisait pas cas. Quand a moi ce que dont  je me souviens  surtout, du soir quant mon père excédé par mon incapacité à  comprendre ses explications sur un problème de mathématiques a du me frapper à la nuque. Je me mis à saigner abondamment du nez. Paniqué, en voyant ma mère pleurer et voulant se racheter, il m'ammenera voir un film au cinéma du village pour me consoler. C'était un film en noir et blanc qui racontais une histoire de fantômes...c'était une ou deux semaines avant l'examen.de 6eme.
 L'été avec sa chaleur étouffante le jour,  la fraîcheur relative de ses veillées nocturnes en plein air  et surtout notre projet de déménagement me firent oublier cet échec. Dans le "cour"que nous habitons et qui était composé de plusieurs chambres disposées l'une à côté de l'autre en rectangle entourant une grande cour avec  un bassin et sa fontaine au milieu. Les WC communs se trouvaient dans le coin tout près de la porte d'entrée en bois massif. 
Le soir les hommes, sous la lumière de la  lune  s'allongaient chacun après le dîner près de la porte de la chambre qu'il habitait sur un "bsat": un genre de matelas fabriqué de divers tissus récupérés ça et là, ou un "jeld": une peau de mouton avec sa laine. On se racontais des blagues, des charades et les histoires du jour. Ce fut mon dernier été dans mon village natal. 
 

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