vendredi 14 février 2025

Yassine re-rechute

Cette fois Yassine, mon fils a franchi une nouvelle étape dans sa maladie. Le dimanche 26 novembre vers 22h, il a quitté notre domicile a El bouni après une dispute légère, pour errer ça et là en ville pendant 6 jours et 5 nuits. Le vendredi 1er décembre vers 17h, il rejoindra le domicile de sa grand mère dans un mauvais état mais acceptable. Après avoir passé 4 semaines chez elle, il accepta de rejoindre notre ex maison des allemands non sans peine... il vivra en compagnie de sa maman pendant une dizaine de jours. Il sortira un première fois le matin vers 8h pour  revenir le lendemain -un lundi-  vers 6h du matin. 
Le jeudi de la même semaine.  il sortira le soir pour acheter quelque chose.il ne reviendra jamais. Après moult recherche et trois jours a errer dans la ville dans le froid  et  sous la pluie. On a pu le retrouver dans un état déplorable: mouillé. sale et sentant mauvais...
Il est actuellement a l'hôpital depuis le 12 janvier 2025. Il refuse de me voir ; me rendant responsable de son hospitalisation. Depuis d'après les médecins: il s'améliore...

dimanche 21 juillet 2024

Visite chez Yassine à l'hôpital

Ce matin, j'ai rendu visite a Yassine a l'hôpital d'El Razi a Annaba. On a pu échanger quelques mots. Il avait l'air remis de ses hallucinations et de sa maladie, mais reste fragile. Pour l'instant il est hospitalisé et obligé de prendre ses médicaments, mais pourrait ne plus en prendre s'il retrouve l'extérieur et rechuter. C'est notre crainte.

jeudi 11 juillet 2024

Rechute de Yassine

Je suis triste a un point de non retour ... J'ai plus envie de me battre sachant ou croyant, que la bataille est perdue d'avance, car tu es imprevisible. J'ai envie de partir mourir rejoindre les miens à  Sidi Djemil, notre cimetière familial, le seul endroit où je me sent à l'aise au milieu de gens que j'ai aimé et qui me respectaient. Comme un lâche qui se rend à l'ennemi  en pleine bataille. Je ne veux plus me battre, je suis trop fatigué. Yassine mon fils bien aimé, cette fois,  plus que les autres, tu m'as brisé à tel point que pour la première fois je ressens du vide autour de moi, la solitude d'un vaincu. Un vide sidéral. J'avais eu un peu d'espoir a ton retour de France, il y a bientôt plus d'une année. Espoir déçu et la confiance en moi et en toi avec 
Le mardi 9 juin 2024. Nous avons vécu l'enfer comme toi, pendant ton délire, tes cris et tes mimiques bizarres. Tu as fais ton énième crise après plusieurs semaines de mutisme effrayant à la maison. Cela fait plus de six (06) mois que tu prenais pas correctement tes médicaments et que tu étais  mal. Tu avais tes raisons...  tu disais à ta mère -à qui tu te confiait parfois- : que tu avais peur de vivre dans la dépendance des médicaments et de leurs effets secondaires néfastes. A moi tu me parlais pas, tu me méprisais, sans raisons. Je t'en veux pas et je te pardonnerais toujours, car tu es mon fils et  malade. Seulement ta maladie ne te permet pas d'arrêter tes médicaments. C'est toi même qui me l'as dit; un jour d'éclaircies dans ta  tête: rares certes, mais combien pleines de bonheurs avec des échanges d'un niveau intellectuel hors du commun. Tu es enrichissant dans tes dialogues: précis et circoncis. Les échanges avec toi sont passionnants.
Il faudrais patienter longtemps d'après les médecins, mon fils, pour éviter de prendre tes médicaments et surtout... changer ton comportement...et t'intégrer au milieu social où tu vis. Vu ton caractère et mon âge je ne pourrais t'accompagner encore dans ton errance et ta maladie: une maladie dure et cruelle pour toi et pour nous. 
 Et pourtant, après ton retour de France, tu étais convaincu qu'il te fallait des médicaments pour que tu puisse vivre en société...
Notre patience a été déçue.
Moi je n'ai plus la force de  supporter de te voir malade, et souffrir... Yassine pardonne moi, tu peux pas imaginer combien je souffre ...

mardi 23 avril 2024

Voyage en Tunisie

 Depuis le 19 Avril je suis en Tunisie accompagné de ma femme et de mon fils Cadet Yassine. Ce voyage a été initié par mon fils aîné Farès qui est venu de Munich en Allemagne le même jour. 

Je ne sais pas si on peux parler de vacances dans notre cas. A part Farès qui en profite pour faire du sport se balader et aller bronzer a la plage - un peu trop- dans cette pittoresque banlieue de Tunis: La Marsa et Sidi Bou Saïd qui est le lieu de notre résidence dans un F1 exigu,  inconfortable et un climat exécrable pour une fin de printemps. Le reste de la famille vague à des préoccupations quotidiennes routinières sans rapport avec les vacances espérés. Ma femme s'occupe de la cuisine et du ménage, Yassine est scotché en permanence à son téléphone portable en train de jouer a des jeux en ligne et moi faisant les courses le matin et la  sieste l'après midi. Quelques sorties nous ont permis de mesurer la cherté de la vie en Tunisie. Les quelques sorties que nous avons pu effectuer au niveau de la Marsa et a la Kasbah de Tunis nous ont permis de mesurer la dégradation du cadre de vie en Tunisie pour les touristes que nous sommes sensés être: méfiante, froideur dans l'accueil, et arnaque en tous genres ; à tel point que je me suis demandé -un instant- si j'étais pas en Algérie. A Sidi Bou Said et au centre de Tunis on a pu voir des dizaines de cars de touristes, ce qui est une bonne chose pour le pays.  Lorsque bon sait que la principale source de devises pour la Tunisie est le tourisme, en ne peux que se  réjouir. La Tunisie d'antan, celle que j'ai connu en 1976 dans ma jeunesse n'existe plus... Aujourd'hui tout est cher et hors de portée de la classe moyenne Tunisienne et par ricochet des touristes Algériens....pour l'instant, ils profitent des remises hôtelières de basses saisons assez conséquentes , tant que les touristes européens ne reviennent pas en masse.

Farès est retourné en Allemagne le 1er mai sur le vol Tunis Munich . Nous on a pris la direction de la frontière Algérienne  pour rejoindre notre notre demeure à El Bouni et la routine habituelle....


jeudi 25 janvier 2024

Annaba.

Nous quittâmes Dréan, le matin, en cette chaude journée du samedi 5 Août 1967. une date que je ne peux  oublier pour milles et une raison, car ce fut pour nous, toute la famille, le début  d:une nouvelle destinée. Un changement radical. Nous allions nous  installer dans une petite villa coloniale qui était abandonnée et que mon père avait rénovée avec le concours de son employeur: le  centre de formation professionnelle pour adultes,  elle se situait, tout près du pont sur l'Oued Kouba,  au bord  de la route menant à la carrière dite "Mariage" du nom de son ex propriétaire: un ex colon qui a quitté  l'Algérie depuis peu. C'était  encore  la campagne,. De grands arbres d'eucalyptus et des rosiers peuplaient encore, les rives de l'Oued qui n'était pas encore couvert et  drainait aussi bien les eaux que les branches des arbres qui s'y trouvaient ou qui tombaient un peu plus haut sur un des flancs sud de l'Edough.  Le matin, le petit camion Saviem gris d'un parent: "ami djaballah le père de Merzaka", c'est ainsi qu'on l'appelait en rapport avec une tante au 2ème degré, est venu pour nous prendre nous, et nos maigres affaires: une chambre à coucher achetée aux puces, quelques matelas,  diverses couvertures et une cuisinière acquise a crédit chez "ami Mohamed" Salemkour, l'épicier du village qui nous faisait  crédit, et le reste composé d'ustentiles de cuisine et diverses autres choses que ma mère avait jugée utile d'emporter. Avant notre départ, mon père était envahie par l'émotion - les gens de chez-nous étaient ainsi- et ne pouvait retenir ses larmes entouré  par quelques parents et voisins qui le consolait tout en pleurant avec lui. Il avait  l'impression d'abondonner les siens et de partir aux fins fonds du monde a 24 km ... Ma mère qui  cachait sa joie, tout en restant discrète,  m'avoueras plus tard, que c'était un des plus beaux jours de sa vie d'avoir quitté ce lieu où  la misère était tangible, prégnante et insupportable. Je pense que c'était la seule qui réalisait l'importance et l'intérêt de ce déménagement pour notre famille.
 Notre nouvelle demeure à  Annaba se composait juste d'un rez de chaussée avec une toiture en tuiles rouges couvrant les deux chambres et le salon, tous mitoyens avec un couloir en longueur et une cuisine dans le prolongement  avec un débarras et sa salle de bain, le tout couvert par  une  petite terrasse avec sa citerne de stockage d'eau. De part et d'autre  se trouvraient deux  petits jardins dont un en balcon derrière les chambres et accessible de l'extérieur et l'autre accessible à partir de la cuisine avec un poulailler et quelques arbres fruitiers. 
On vivra huit longues années dans cette maison, jusqu'au jour où on nous obligea de partir ainsi que notre voisin "ami Rabah", un ex réfugié Algérien en Tunisie  pour construire un petit bâtiment hideux à la  place de nos deux belles petites demeures.
La plage de Rizzi Amor ( Chapuis) se situait à peine à 300 mètres de notre habitation. On pouvait y accéder a travers une route goudronnée bordée d'eucalyptus traversant une serie de plantations agricoles.

Le soir de notre déménagement, juste avant le coucher du soleil, ma mère m'envoya pour chercher du pain à la cité Kouba que je découvrit pour la première fois. L'endroit contrasté beaucoup avec nôtre village: il était plus animé et plus lumineux avec un ensemble de bâtiments bien agencés, avec en son  centre, quelques épicieries , une boulangerie, une boucherie , un coiffeur,  une crèmerie et même un coin mosquée... J'étais accompagné par Athmane qu'on surnommé "jeghata" car il était maigre et avait un cou longiligne, un voisin de notre "cour" à Dréan  et mon oncle Rabah qui habitait déjà Annaba à "Santana" au centre ville, sobriquet du quartier"Santa anna ". Au retour de la cité, il faisait déjà nuit et tellement sombre, qu'on avait peur de rejoindre la maison par le  trajet emprunté à l'aller, qui était à peine distant de 200 mètres a travers l'Oued et ses rosiers. Suivant les conseils de mon oncle Rabah, un personnage unique et  fantasque qui voulait certainement nous impressionner et nous faire découvrir "sa" ville en nous faisant faire le tour de la moitié de la cité pour regagner notre demeure à  travers le quartier de Béni M'haffeur soit plus de 5 km de distance. Nous rentrâmes tard et sans ramener de pain.


mardi 9 janvier 2024

Notre "cour" de Dréan.

Mon enfance à Mondovi devenu depuis Dréan, après notre retour de Marseille, a été un mélange de moments de joies éphémères et de privations diverses. Dans les deux chambres  en pierres avec leurs toitures en tuiles rouges qu'a bien voulu nous céder la grand-mère de mon père dans ce " cour', on manquait de tout ou presque: pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de gaz,  pas de chauffage. On s'éclairais au "kanki": une lampe à pétrole en cuivre surmontée d'une "bellara": un genre de couvercle en verre faisant le rôle et l'effet d'une ampoule.  Presque chaque jour on m'envoyais  acheter un 1/2 litre de pétrole, qu'on utilisait comme combustible d'éclairage. Pour l'eau; c'était la débrouille, pour  boire, on avait droit à une eau de source saumâtre qu'on conservait  dans une petite  cruche "el-bekbaka" , et on utilisait l'eau stockée dans  la grande cruche "El boucha " en argile pour faire nos repas quotidiens . "El boucha"  était toujours adossée dans un coin de la chambre qui nous servait de cuisine et de salle à manger avec  sa " meïda"  faisant  fonction de table basse  et un ou deux bancs en bois qui nous servait comme chaise. L'eau pour faire la vaisselle ou pour laver le linge était stockée dans les bassines en zinc. Pour laver le linge on rajouté du ""Cheb"  certainement des cristaux  de soude pour adoucir l'eau afin de faire des  bulles avec savon. En hiver on collectait  l'eau de pluie que l'on recoltait dans des fûts grâce  aux gouttières qui ceinturaient le bas des pourtours des toits en tuiles. Pendant l'hiver,  la nuit pour se réchauffer, on dormait allongés par sexe  les uns a côté des autres et on se couvrait lourdement avec une grosse couverture de laine "el-hambel" pour éviter d'attraper froid. Chaque matin, ma mère arrangé les affaires de notre couchage sous forme d'un talus de matelas, oreillers, et couvertures sur le "sandogue" une grosse malle en bois ramenait comme dot de son mariage et qui contenait les choses les plus précieuses de la maison, et surtout celle de ma mère;  comme les bijoux et les habits des fêtes. Ainsi arrangés le couchage était couvert par un drap pour constituer une "seda".
Pour palier au cas où quelqu'un venait de disparaitre , chaque "seda" doit contenir obligatoirement des sacs de semoule et de couscous, afin de servir comme repas mortuaire.  Une habitude répandue en ses temps là.
On achetait rarement du pain. Ma mère nous préparait des galettes sur le "tajine" placé sur une "tabouna" contenant du bois que l'on achetait par fardeau,  chez les vendeurs à la criée qui sillonnaient les rues du village avec leur ânes, ou à défaut  de "louguid": un mélange de bouse de vaches et de paille séchée que l'on ramassait dans notre écurie..Pour se doucher; on chauffait l'eau dans une bassine  en zinc sur la "tabouna" et on se lavait  a l'abri des regards dans un grand évier qu'on appelait  "el-guesgha" qui en fait était un grand fût coupé près de sa base et qui servait de réceptacle de l'eau de bain pour qu'elle ne se disperse pas dans la maison. Cette même ustensile servait a laver le linge.
 On mangeait rarement de la viande et pour la conserver, comme celle  du mouton de l'Aïd, on faisait du "guedid" avec les côtes et certains parties du mouton qu'on salaient abondamment et séchaient au soleil. Ainsi on pouvait les conserver  assez longtemps, Les autres parties du mouton sont légèrement salaient et légèrement grillés dans de l'huile pour être conservés quelques jours dans une grande marmite. Ainsi pendant plusieurs jours on utilisait cette viande pour faire des bons plats. Ainsi était notre quotidien dans notre minuscule demeure ; on vivait le jour le jour entouré d'un minimum de confort. Livré à toutes sortes de misères et de difficultés, tout en gardant l'espoir d'avoir un jour une vie meilleure.

dimanche 7 janvier 2024

Mon 1er examen de sixième

En Juin 1967,  juste après  ou pendant la guerre des six jours et par une chaude journée d'été, j'ai passé mon 1er examen de sixième. Ce jour là, j'étais propre et je sentais le savon parfumé. Ma mère m'avait fait porter les habits du dernier Aid pour aller passer l'examen le plus  important au village, car il permettait au candidat qui l'avait réussi d'accéder au collège. Un collège tout neuf,  tout nouveau construit dans l'urgence en tôle. Il était  tellement important que les noms des  candidats qui réussissaient leur examen paraissaient dans  le journal "An Nasr" ( la victoire) édité à Constantine encore en Francais. 
L'examen se déroulait pendant toute une journée, avec comme matières essentielles une dictée, où il  fallait  faire le moins de  fautes possibles et une épreuve de mathématiques: on parlais alors de calcul.
Je ne sais pas si le titre de la dictée de cette année là était " le chat et le miroir", ou "le four banal"  un texte du  roman de de Mouloud Feraoun "Le Fils du pauvre" . Quelques semaines plus tard , quand les résultats ont été dévoilés; je fut recalé. Mon échec je m'y attendais un peu. J'étais déçu, mais pas trop. Assis sur le trottoir de la maison des "Zazar"nos voisins , en face de la notre, je scrutait la liste des reçus dans le journal, espérant que mon nom jaillissent au milieu des autres: sans succès. Quand soudain  des avions de chasses venaient sillonnaient bruyamment le ciel, et me faisait sortir de ma léthargie et de mon désespoir. 
Comme le village était petit,  et afin d'atténuer ma déception, le soir je n'arrêtais pas de faire le tour avec un autre recalé comme moi au milieu des chants patriotiques et des appels à la mobilisation diffusés par hauts parleurs . Pour nous consoler mutuellement, nous nous racontions des histoires à ne pas finir sur notre échec, nos espérances et les mérites ou non des candidats reçus. Ce jour là, je me souviens pas de la réaction de mon père. Il était certainement déçu plus que moi, mais n'en faisait pas cas. Quand a moi ce que dont  je me souviens  surtout, du soir quant mon père excédé par mon incapacité à  comprendre ses explications sur un problème de mathématiques a du me frapper à la nuque. Je me mis à saigner abondamment du nez. Paniqué, en voyant ma mère pleurer et voulant se racheter, il m'ammenera voir un film au cinéma du village pour me consoler. C'était un film en noir et blanc qui racontais une histoire de fantômes...c'était une ou deux semaines avant l'examen.de 6eme.
 L'été avec sa chaleur étouffante le jour,  la fraîcheur relative de ses veillées nocturnes en plein air  et surtout notre projet de déménagement me firent oublier cet échec. Dans le "cour"que nous habitons et qui était composé de plusieurs chambres disposées l'une à côté de l'autre en rectangle entourant une grande cour avec  un bassin et sa fontaine au milieu. Les WC communs se trouvaient dans le coin tout près de la porte d'entrée en bois massif. 
Le soir les hommes, sous la lumière de la  lune  s'allongaient chacun après le dîner près de la porte de la chambre qu'il habitait sur un "bsat": un genre de matelas fabriqué de divers tissus récupérés ça et là, ou un "jeld": une peau de mouton avec sa laine. On se racontais des blagues, des charades et les histoires du jour. Ce fut mon dernier été dans mon village natal.