Notre nouvelle demeure à Annaba se composait juste d'un rez de chaussée avec une toiture en tuiles rouges couvrant les deux chambres et le salon, tous mitoyens avec un couloir en longueur et une cuisine dans le prolongement avec un débarras et sa salle de bain, le tout couvert par une petite terrasse avec sa citerne de stockage d'eau. De part et d'autre se trouvraient deux petits jardins dont un en balcon derrière les chambres et accessible de l'extérieur et l'autre accessible à partir de la cuisine avec un poulailler et quelques arbres fruitiers.
On vivra huit longues années dans cette maison, jusqu'au jour où on nous obligea de partir ainsi que notre voisin "ami Rabah", un ex réfugié Algérien en Tunisie pour construire un petit bâtiment hideux à la place de nos deux belles petites demeures.
La plage de Rizzi Amor ( Chapuis) se situait à peine à 300 mètres de notre habitation. On pouvait y accéder a travers une route goudronnée bordée d'eucalyptus traversant une serie de plantations agricoles.
Le soir de notre déménagement, juste avant le coucher du soleil, ma mère m'envoya pour chercher du pain à la cité Kouba que je découvrit pour la première fois. L'endroit contrasté beaucoup avec nôtre village: il était plus animé et plus lumineux avec un ensemble de bâtiments bien agencés, avec en son centre, quelques épicieries , une boulangerie, une boucherie , un coiffeur, une crèmerie et même un coin mosquée... J'étais accompagné par Athmane qu'on surnommé "jeghata" car il était maigre et avait un cou longiligne, un voisin de notre "cour" à Dréan et mon oncle Rabah qui habitait déjà Annaba à "Santana" au centre ville, sobriquet du quartier"Santa anna ". Au retour de la cité, il faisait déjà nuit et tellement sombre, qu'on avait peur de rejoindre la maison par le trajet emprunté à l'aller, qui était à peine distant de 200 mètres a travers l'Oued et ses rosiers. Suivant les conseils de mon oncle Rabah, un personnage unique et fantasque qui voulait certainement nous impressionner et nous faire découvrir "sa" ville en nous faisant faire le tour de la moitié de la cité pour regagner notre demeure à travers le quartier de Béni M'haffeur soit plus de 5 km de distance. Nous rentrâmes tard et sans ramener de pain.